“La Femme à l’Orchestre”

Conte Musical pour comédienne & orchestre

“La Femme à l’Orchestre”
Conte Musical pour
comédienne & orchestre
AS #8-2020
Informations

Commanditaire : Commande de l’Orchestre National de Bretagne

Années de composition : 2019-2020

Durée : environ 1h de spectacle (dont 50’ de musique)

Nomenclature : Comédienne / 2 Fl. (2° aussi Pte Fl.) / 2 Htb. (2° aussi C.A.) / 3 Cl. (3° Cl. B.) / 2 Bsn / 2 Cors / 2 Trp. / Timb. / 2 Perc. / Hpe / 9 Vl. I / 7 Vl. II / 5 A. / 4 Vlc. / 3 Ctb.

Difficulté d’écoute : * Facile (grand-public)

Numéros :

  • 1. L’Orchestre s’Éveille — L’Accord Matinal (2’01”)
  • 1a. (alt.). Prélude “Classique” — Caravelle pour un Réveil (1’09”)
  • 2. « On a dansé, on a ri… » (La Valse qui Dérape) (3’35”)
  • 3. « Le soleil, déjà haut dans le ciel, attend votre réveil ! » (Ode au Lever du Jour) (2’07”)
  • 4. Le Rag-Time Boîteux (2’14”)
  • 5. « J’ai fait une belle bêtise… » (0’55”)
  • 6. « J’ai souri ! » (Tango Polymorphe/Opéra) (3’41”)
  • 7. Dans la Rue (1’48”)
  • 8. Entourloupe dans l’Autobus ! (Jazz) (2’33”)
  • 9. « Répondre, Classer, Recopier, Disposer » (Carrousel au Bureau) (2’01”)
  • 10. Berceuse Administrative (2’35”)
  • 11. De Mal en Pis (2’27”)
  • 12. Une Partie de Flipper au Café ! (1’42”)
  • 12a. Une Partie de Flipper au Café ! (alt. start “Le Sifflement du Voyou” + Fl. bars 22-27) (1’43”)
  • 13. Sous-Titres Musicaux (Valse Neurasthénique) (2’)
  • 14. Fanfare sur le Marché (2’06”)
  • 15. Tristesse Baroque (2’34”)
  • 16. Les Divagations d’Un Orchestre Ivre… Hips ! (1’16”)
  • 17. Miracle dans la Savane (Marche Funèbre Marbrée de Cha-cha-cha) (2’55”)
  • 18. À la Rescousse des Soirées Perdues (1’39”)
  • 19. Le Mambo Velléitaire (2’08”)
  • 20. Final : Rock’n’roll en Apothéose (4’18”)

Statistiques Musicales

Nombre de notes : 101 112 notes

Nombre de mesures : 1 414 mesures

Nombre de pages (conducteur) : 253 pages

Nombre de pages cumulées (matériel) : 773 pages

Présentation

Que se passerait-il si, un matin, vous vous réveilliez avec un orchestre au pied de votre lit ?… Comment apprivoiser une quarantaine de musiciens, qui vous suivraient partout à longueur de journée, interprétant en direct la bande-son de vos émotions ?

Tel est le postulat de départ de “La Femme à l’Orchestre”, de Olivier Cohen, que j’ai eu la chance de pouvoir mettre en musique.

“La Femme à l’Orchestre”, c’est donc la rencontre entre l’univers de Olivier Cohen, et mon propre univers musical.

Les Prémices du Projet

Lorsque Olivier Cohen est venu me trouver, en octobre 2016, pour me parler de ses contes musicaux, j’ai tout de suite été séduit par un conte en particulier. Ce conte.

“La Femme à l’Orchestre”.

Pourtant, le chemin fut long, de notre première rencontre à la partition achevée.

Plusieurs aspects posaient problème : une telle histoire, dans laquelle l’Orchestre (avec un « O » majuscule) tenait un rôle aussi central, d’abord antagoniste dans les premiers stades de l’élément perturbateur, puis protagoniste vers la fin du conte, ne pouvait se concevoir avec un simple ensemble de musique de chambre, composé de trois ou quatre musiciens. Parler de pratiquement tous les pupitres de l’orchestre, pour ne voir sur scène qu’un pipeau, un violon et un trombone… Pas question ! Sans compter que je suis avant tout un symphoniste.

Non, pour “La Femme à l’Orchestre”, il nous fallait… un orchestre ! Il peut paraître trivial de parvenir à cette déduction lumineuse, mais la mettre en pratique s’avérait tout de suite plus… délicat…

C’est bien ce cadre que nous avons trouvé auprès de l’Orchestre National de Bretagne (ONB), toujours engagé auprès des créateurs pour constituer le répertoire d’aujourd’hui qui deviendra, qui sait, peut-être celui de demain lorsque le temps aura fait son office d’impitoyable trieur !

Marc Feldman, administrateur de l’Orchestre National de Bretagne, a tout de suite été emballé lorsque je lui ai soumis ce projet, dès les prémices de ma résidence avec l’ONB. Le département d’action culturelle a lui aussi immédiatement accroché avec le synopsis que nous leur proposions, ce qui a débouché sur un travail parallèles d’un an, avec trois classes de l’école Pagnol de Rennes et leur intervenante musicale, Anne Berry, ainsi que leurs enseignantes respectives. D’ailleurs, le carrousel de photographies qui agrémente cette page vous montre des clichés de certains des dioramas réalisés par l’une de ces classes.

La genèse de la composition musicale

Jonglant entre toutes mes activités connexes et annexes, il m’a fallu ensuite un an et demi pour écrire la partition de plus de quarante-cinq minutes qui accompagne les mots d’Olivier Cohen.

De son côté, Olivier m’a avoué que ce projet de conte musical, qu’il portait depuis une dizaine d’années, lui tenait particulièrement à cœur, et qu’il avait déjà fait subir à son texte d’innombrables ré-écritures.

Étant donné la nature particulière de ce conte musical, j’ai abordé l’élaboration de cette œuvre à moitié comme un opéra-comique, à moitié comme une musique de film sans film. À l’arrivée, le spectacle se compose d’une succession de 20 numéros musicaux — 22 en comptant les versions alternatives —, pour un total d’un peu moins d’une heure (dont 50 minutes de musique environ).

Quand tout est fluide, quand tout s’agence bien sur scène, le spectateur ne se rend pas toujours compte du travail considérable nécessaire pour mener à bien un tel projet. Car “La Femme à l’Orchestre” est résolument un projet d’envergure : “La Femme à l’Orchestre”, c’est 243 pages d’orchestre divisées en 20 morceaux (22 en comptant les versions alternatives), 773 pages de matériel (parties séparées destinées à l’ensemble des musiciens), 1 414 mesures et 98 625 notes de musique ! Rien que ça. À quoi il faut ajouter les répétitions de l’orchestre seul, le réglage de la mise en scène et des lumières, le calage entre la comédienne et l’orchestre…

Une Myriade de Styles Musicaux

Quoi qu’il en soit, “La Femme à l’Orchestre” fut pour moi à la fois un challenge, mais aussi une œuvre très amusante à écrire, car il s’agit essentiellement de pastiche (en surface). Au cours du conte, et donc de la partition, beaucoup de styles variés se côtoient. N’ayant qu’une culture musicale très limitée et ne connaissant strictement rien aux styles musicaux, “La Femme à l’Orchestre” est donc une sorte de pastiche, non pas de styles bien définis, mais de l’idée que je me fais de tous ces styles que je ne connais pas !

Ainsi, ma partition ne vous donnera à entendre aucun style musical « pur », seulement des réappropriations plus ou moins assimilées, plus ou moins évocatrices de certains styles, mais toujours digérées par mon prisme de compositeur essentiellement porté sur la matière symphonique. Une sorte de point d’équilibre assez délicat à trouver, d’autant que l’effectif instrumental de l’orchestre, avec peu de cuivres et peu de graves, rendait nécessaire de trouver des équivalents à certaines couleurs musicales, afin de les conformer à la nomenclature disponible.

Grâce aux longues discussions que j’ai eues avec Olivier au seuil de la composition, j’ai privilégié la liberté de ton (musicalement parlant), en cherchant à laisser la musique toujours chercher à s’échapper, à sortir du cadre et des barres de mesures, pleine de fantaisie, légèrement en décalage parfois, toujours fluide, inventive, toujours en mouvement, de spontanéité nécessairement factice, pleine de moments qui sortent des rails, qui dérapent, qui déraillent, qui détonnent ! Une musique familière autant que surprenante, tout en essayant de réaliser un amalgame cohérent, et un puzzle de styles qui fonctionne dans la continuité. Olivier Cohen m’avait rassuré très tôt à ce sujet, en me préconisant de ne pas m’en préoccuper.

Il m’a aussi fallu faire des choix, car dans une même phrase, le texte d’Olivier appelait parfois 5 ou 6 styles musicaux différents : Ce qui fonctionne sans problème dans une phrase de littérature, requiert musicalement au moins 20 à 30 secondes pour installer l’essence d’un style donné, ce qui, avec un médium aussi ancré dans la temporalité que l’est la musique, ne m’aurait pas permis de condenser l’action suffisamment rapidement si j’avais été trop littéral.

Le résultat est une partition kaléidoscopique et protéiforme, que j’espère pleine d’humour et de drame, à l’image du conte et des situations que doit affronter « La Femme » de l’histoire. L’orchestre s’y fait tour à tour enjoué, charmeur, bousculant, intimidant, menaçant, bouleversant, touchant, triste, clinquant, chatoyant, tape-à-l’œil : en un mot, un orchestre flamboyant !

Aucun Thème Récurrent : une Inventivité Perpétuellement Renouvelée

La partition comportait une difficulté supplémentaire : Conformément au souhait d’Olivier, je devais me renouveler en permanence, avec l’obligation d’être inventif, sans jamais pouvoir me reposer sur un thème récurrent (leitmotiv) — ce qui aurait été la facilité —, car par définition l’orchestre est censé être spontané et improviser ce qui lui passe par la tête (en relation bien sûr avec les émotions fugaces qu’il met en musique).

J’ai aussi choisi d’écrire ma partition en tirant parti au maximum de ce que me permet l’orchestre symphonique. Pour souligner la puissance des émotions et la force colossale que peut représenter un orchestre, l’accompagnement musical prend souvent les atours d’une « drama queen », avec un aspect dramatique très prononcé, exacerbé même, théâtral parfois, et souvent excentrique.

Dualité Musicale dans un Univers Intermédiaire de l’Onirisme et du Monde Réel

Les situations proposées dans le conte tendent vers l’absurde si nous les prenons avec pour référent le monde réel tangible dont nous faisons l’expérience quotidiennement, les situations improbables se heurtant à notre conception de l’impossible dans le monde réel. Prises selon un prisme cartoonesque en revanche, les situations du conte prennent vie dans un univers délicieusement et joyeusement décalé, qui s’affranchit du plausible dont nous faisons l’expérience jour après jour, tout en le faisant avec le plus grand sérieux, et avec toutes les apparences du réalisme au niveau de l’image. Un double niveau, donc : Une imagerie réaliste — ou qui du moins en revêt toutes les apparences —, sur des situations cartoonesques avec, néanmoins, les fondements du monde réel, pour lui permettre de se reposer solidement sur et de s’ériger au-dessus d’un socle auquel nous puissions nous identifier un minimum.

J’ai donc voulu créer avec ma partition un monde intermédiaire, où histoire et musique puissent se rejoindre, dans une réalité à mi-chemin entre ce que l’on pourrait appeler le « monde réel » et le « monde du cartoon », où tout est (en principe) possible. J’ai donc souvent poussé assez loin le curseur « exagération ».

Parfois j’ai placé l’orchestre au présent de l’énonciation, parfois au présent de la narration, afin d’explorer les différentes facettes que m’offrait la mise en musique de ce joli conte concocté par Olivier Cohen.

Enfin, j’ai toujours imaginé que l’action du conte se déroulait dans les années 80, rétros, un peu ringardes, mais tellement sympas ! Lointainement révolues, déjà, mais pas encore si lointaines que nous en soyons totalement coupés dans les influences que nous subissons au quotidien. L’époque parfaite pour équilibrer un monde pourvu des apparences du réel tout en étant dépourvu de la plausibilité des situations (en tout cas, dans une lecture du conte au premier degré).

Ce choix des années 80 n’implique que moi, puisqu’aucune indication d’Olivier Cohen ne va explicitement en ce sens. L’époque reste assez indéfinie et intemporelle dans le texte, voire atemporelle. Aucune mention de technologie, d’ordinateurs ni de smartphones : nulle mention de wifi ou de réseau 5G ! Un monde encore analogique et humain. Un monde presque reposant. Un monde pas encore pollué par l’omniprésence et l’omnipotence des technologies, des algorithmes d’intelligence artificielle et du machine-learning.

Alexis Savelief
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